Tenganan - Bali Aga perdu dans le temps

Tenganan situé à Karangasem, au nord-est de Bali. Ses origines se perdent dans le temps, comme ce village fondé par les premiers migrants à Bali. Les gens qui vivent ici s'appellent Bali Aga ; ils sont considérés comme des aborigènes de Bali, mais ce n'est pas tout à fait vrai. Ils sont arrivés ici il y a longtemps et le temps a effacé tous les souvenirs de leur lieu d’origine. Les chercheurs affirment que l’Inde aurait pu être leur pays d’origine. Si vous lisez sur Bali Aga sur Wikipédia, vous apprendrez que le terme « Bali Aga » est insultant, mais ces gens n’en ont jamais entendu parler. Bien au contraire, ils semblent fiers d’être Bali Aga.

Même si l’on trouve plusieurs villages Bali Aga à Bali, Tenganan est particulièrement unique.

Ils conservent toujours leurs traditions et ne changent pas grand-chose face aux envahisseurs ou aux touristes. Je crois que cela est dû à leur amour inné pour leur culture. Par exemple, Gede – le guide qui nous guidera à travers le village et son histoire – a une passion qui se voit lorsqu'il parle de Tenganan et de ses habitants. Il nous a présenté Pak Putu Yudiana – le chef du village. Il est en charge de la paix à Tenganan et de sa prospérité.

La partie principale du village comporte quatre portes menant dans des directions différentes. Il y a un autre village juste à l'extérieur de la zone centrale. Les gens qui vivent ici ne sont pas des Bali Aga, mais ils peuvent quand même participer à certaines cérémonies et aider le village. Juste à côté se trouvent des rizières en terrasses appartenant au peuple Tenganan. Ils ont droit à une partie de leurs revenus provenant de ces champs.

Vous n'y trouverez ni balançoires ni cafés, car les Bali Aga ne vendent pas leurs terrains. Ils le conservent tel qu’il était il y a des siècles, suivant les traditions de leurs ancêtres, et préfèrent la stabilité à l’argent rapide.

Actuellement, ce village se compose de 26 familles indigènes Bali Aga.

Ici, les gens ne peuvent épouser aucune personne extérieure au village. Ils le peuvent effectivement, mais dans ce cas, ils perdent le droit de participer aux cérémonies, de voter ou de percevoir une partie des revenus du village. Il est donc plus facile de se marier au village que d'affronter l'humiliation d'être exclu. Chaque jour, les six dirigeants de Tenganan, dont Pak Putu, se réunissent pour discuter de la gestion du village et de la préparation des cérémonies.

Il est assez surprenant de voir comment les Bali Aga parviennent à maintenir leur vie de la même manière que lorsque leurs ancêtres sont arrivés à Bali. Ils possèdent un porte-bonheur qui les a aidés au fil des siècles et que les hommes protègent à tout prix : leur tissage.

Les lecteurs qui connaissent une chose ou deux sur l’Indonésie pourraient lever les yeux au ciel – le tissage, encore ? Mais écoutez-moi. C'est un tissu double ikat appelé Gsonner. Gring signifie malade et chanter veut dire non. Ainsi, ce tissage protège son propriétaire des maladies et de la malchance. Tout le monde dans le village a son grognement. Ils le portent lors de cérémonies symbolisant une transition vers un nouveau niveau. Et ce n'est pas seulement une question de croyance ; le tissage magique a prouvé sa puissance.

Qu’est-ce que Tenganan Gringsing ?

Tenganan Gringsing et ses 26 motifs ont obtenu un certificat d'indication géographique, ce qui signifie que ce tissage peut être produit uniquement à Tenganan. Mais qu’a-t-il de si spécial ? Tout d’abord : il est fait de matériaux naturels. Les vêtements, la peinture, le processus de tissage – tout cela est naturel 100%. Aucune machine ni produit chimique n'est utilisé.

Cela nous amène au deuxième point important : la production d’une pièce peut prendre jusqu’à 2 ans. Les couleurs sont superposées une à une et le séchage est long. La troisième distinction la plus nette est le modèle.

Il existe plusieurs motifs différents, mais le principal ressemble à un ciel étoilé. On pense qu'Indra – le dieu de la guerre – observait le ciel nocturne et aimait tellement le motif qu'il a appris aux femmes de Tenganan comment le tisser. Il y a des Gringsing vieux de 100 ans. Les gens sont prêts à payer très cher pour cela. « Ce n'est pas que nous n'avons pas besoin d'argent », explique Gede, « c'est juste que ces Gringsing n'ont pas de prix. Ils ne sont pas à vendre.

Pourquoi s'embêter autant avec le tissu naturel 100% qui prend si longtemps à fabriquer ? Pourquoi ne pas vendre un terrain pour construire un complexe et gagner un peu d’argent supplémentaire ? La réponse est simple : le Tri Hita Karana concept. Cela peut être traduit par « trois causes du bien-être ». Pour vivre une vie heureuse, vous devez entretenir de bonnes relations avec la nature, les dieux et les gens. Les enfants apprennent cette tradition ainsi que d'autres traditions du village au pensionnat.

Lorsqu’ils sortent du village pour étudier ou travailler en ville, ils sont confrontés à une toute nouvelle réalité avec des points de vue et des règles différents.

Bali Aga veille à ce que leurs enfants se souviennent d'où ils viennent.

Lors de la cérémonie Usaba Sambah, les hommes et les femmes célibataires montent sur une balançoire spéciale. Cela me rappelle une grande roue et a une signification profonde. Il symbolise le flux de la vie : à votre naissance, vous n'avez rien et vos parents vous aident à grandir et à aller un peu plus haut. Ensuite, vos amis et un partenaire vous soutiennent et vous aident à atteindre le sommet.

C'est le moment le plus difficile de la vie : si vous oubliez ces gens et qu'ils lâchent votre swing, vous tomberez rapidement. Si vous les gardez à proximité, la vie sera paisible et vous apprécierez la balade.

Bali Aga s'accroche à ses traditions et à sa grande famille. Ils se souviennent d’où ils viennent et qui les a aidés à atteindre le sommet. C'est ainsi qu'ils parviennent à perpétuer leurs traditions.

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Cet article a été rendu possible grâce à Pak Putu et Gede